Quand le vin était un médicament
En 8000 ans d'histoire on a presque tout dit sur le vin, ses bienfaits et ses inconvénients.
J'aime beaucoup relire l'histoire, notamment l'époque ou le vin était recommandé pour guérir.
Il est bon d'évoluer, de progresser de se remettre en question, mais aussi de lire et d'essayer de comprendre les points de vue plus anciens. La science a énormément avancé ces dernières années et sa quête pour notre immortalité la rend parfois autoritaire et culpabilisante. Oubliant un peu ce que nous sommes des humains avec du bon sens et de l'instinct.
La plus ancienne mention d'un usage thérapeutique et médicamenteux du vin remonterait à quatre mille ans avant J-C, date à laquelle une inscription ventant les vertus du vin a été découverte dans une tombe Egyptienne.
C'est avec Hippocrate, le père de la médecine moderne que le vin connaît une véritable consécration dans le domaine de la thérapeutique.
Il disait déjà : "Le vin est une chose merveilleusement appropriée à l'homme si, en santé comme en maladie, on l'administre avec à propos et juste mesure, suivant la constitution individuelle."
Un peu plus tard, Théophraste (372-287 av. J.C) invente les vins médicinaux en y mélangeant des herbes et des épices.
Platon quant à lui, en recommande l'usage modéré pour réchauffer à la fois l'âme et le corps. Dans l'un de ses ouvrages, il assure que le vin qui "apporte à la fois santé, divertissement aux hommes d'âge, leur a été donné par un Dieu comme remède à l'austérité de la vieillesse"
Avec la chute de l 'Empire romain, les travaux d'Hippocrate sont temporairement oubliés.
Seuls les moines de cette époque, qui sont aussi viticulteurs, continuent à soigner avec le vin.
En effet, au long de ces siècles troublés par l'invasion des Barbares, la vigne n'en prospère pas moins, surtout dans le pourtour des monastères, dont les plus célèbres sont ceux de Cluny et de Cîteaux.
"Bois un peu de vin."
Au IX e siècle, la conviction des vertus thérapeutiques refait surface, à tel point que sur la porte d'entrée de l'hôpital de Salerne en Italie, il est gravé : "Bois un peu de vin." Les livres de cette prestigieuse faculté de médecine en détaillent même le principe.
On peut y lire notamment : "Le bon vin donne aux vieux un regain de jeunesse. Le vin pur a de multiples bienfaits, il tonifie le cerveau met l'estomac en liesse, chasse les humeurs mauvaises. Il rend l'esprit vif, les yeux brillants, l'oreille fine, dispense l'embonpoint et donne dans la vie une santé robuste." et aux maîtres de cette faculté d'ajouter en complément ce conseil judicieux qui n'a en rien perdu de sa valeur : "...buvez-en peu, mais qu'il soit bon."
François Rabelais proclamait haut et fort les vertus du vin
La fin de la période moyenâgeuse(XIIe au XIVe siècle) voit l'inauguration de la faculté de médecine de Montpelier en 1220, on y a retrouvé des écrits médicaux anciens qui montrent que la moitié des "recettes" médicinales contenaient du vin.
Un respectable docteur en médecine de cette même faculté qui n'est autre que François Rabelais proclamait haut et fort les vertus du vin en disant : "Le jus de la vigne clarifie l'esprit et l'entendement, chasse tristesse, donne joie..."
Henri de Mondeville(1260-1320) grand chirurgien de guerre, préconise la consommation de vin dès le lendemain d'une opération "Mais le vin, dit-il, devra être le meilleur que l'on pourra trouver..."
Dans les pages de la "Pharmacopée universelle" parue en 1677 on trouve consignée la recette du Baume du Samaritain. Cette préparation était à base d'un mélange à parties égales d'huile et de vin rouge et servait au nettoyage des plaies et à faciliter leur cicatrisation. Appliquée en usage interne, elle aidait à fortifier les nerfs.
Ces types de vin médicinaux seront suivis de toute une série d'autres, toujours composés à base de vin, dans lequel on faisait macérer des plantes médicinales.
Avec les années qui passent, le recours au vin en qualité d'adjuvant médicamenteux, se précise et s'étend.
Pas plus d'un litre de vin par jour !
En 1904, le Docteur Gauthier, membre de l'Institut et de l'Académie de Médecine, approuve l'usage modéré du vin : "C'est un aliment précieux tant qu'on ne dépasse pas la dose de 1g d'alcool/kilo et par jour", soit un litre de vin pour un sujet de 80 kg.
En 1931 le politicien André Tardieu crée le comité national de propagande pour le vin, qui édite des bons points à usage scolaire, où l'on peut lire : "Un litre de vin de 10° correspond comme nourriture à 900g de lait, 370g de pain ou à 5 œufs ! ".
En 1935 le Docteur Dougnac se fait l'apôtre de la "vinothérapie" comme parade de l'alcoolisme. Il démontre en effet, chiffres à l'appui, que c'est dans les régions viticoles qu'il y a le moins d'alcoolisme (ce qui est toujours vrai en 1998) et que la longévité des individus est supérieure dans le Bordelais à ce qu'elle est dans les autres régions de France.
Après la seconde guerre mondiale, la politique de prévention dans une optique de maintien de la santé, dans laquelle s'inscrivait la recommandation de boire du vin, tombe petit à petit.
Les ligues antialcooliques en profitent alors pour occuper le terrain, faisant un amalgame entre le vin et l'alcool. Elles vont même jusqu'à séduire les politiciens qui ; en votant des lois destinées à lutter contre l'alcoolisme, vont injustement bâillonner le monde viticole, contribuant indirectement à jeter la suspicion sur l'intérêt de boire du vin.
A la fin des années 1970, parler de l'effet bénéfique du vin sur la santé paraissait pour beaucoup une contre-vérité.
La lutte contre l'alcoolisme était telle que l'opinion et les pouvoirs publics négligeaient de s'intéresser aux possibles bienfaits du vin et ne retenaient que la présence d'alcool parmi les nombreux constituants du vin.
A suivre....
Apprendre à goûter est bon pour la santé, regardez ci-dessous
Vos réactions (1)
bonjour, 1 litre de vin par jour c'est ce qu'il faut pour entrer dans les vignes du seigneur et au delà on ne sent plus rien donc inutile d'appeler un médecin cordialement